« Oubliez toutes notions de sol ou d’appuis, celle de rivière, de forêt et de joyeux animaux galopant dans l’humus. Tout cela n’a aucun sens ici. Je vis dans le ciel mais je suis très loin d’être un ange »


La situation était délicate. 
Assurément. Et pour que moi j'en convienne, veuillez me croire il fallait vraiment que la situation ai quelque chose de dramatique. Je n'avais jamais cru à la chance, ou plutôt : je n'avais jamais été disposé à accorder du temps à une notion qui me semblait futile. 
Dans l'immédiat et vu les circonstances je me sentais prêt a réétudier la question, de bonne grâce. D'une part parce que je n'avais pas grand-chose d'autre que je puisse faire et d’une autre parce qu'un tel enchainement d'événements méritait bien un brin de réflexion superstitieuse. 
Pour l'heure je m'accrochais comme un lézard à la vie, en face de moi l'odeur se raprochant à chaque seconde. Au moindre relâchement, je partais « embrasser Raymond » selon un terme qui devenait à la mode. Une image bien risible pour décrire une mort violente et, (certains ce plaisaient à l'imaginer) un atterrissage difficile dans un hypothétique cimetierre. Une perspective des plus aguichantes n’est ce pas ?
Hélas. Si seulement il n'y avait eu que ça, je n'aurais même pas qualifié ma position comme « difficile ». Il m'aurait suffit de m'enfuir précautionneusement jusqu'à l'auberge pour repartir chez moi comme une fleur. Je n'aurais même pas mentionné l'épisode devant mon frère, c'est dire. 
Mais il y avait l'odeur. 
Et ça, ça changeait tout. Une odeur de viande crue et de crasse qui prenait à la gorge et retournait l'estomac. Si intense et écœurante qu'on avait instantanément l'impression d'être recouvert d'un liquide visqueux et glacial. Lorsqu'on sentait ça à mon niveau, on pouvait presque déjà se considérer comme mort. Même le plus grand et téméraire guerrier du monde, ne pouvait s’empêcher de trembler s’il avait plus de quelques neurones valides dans le crane. Car seul les imbéciles prétendaient ne pas craindre cette puanteur, et dans mon langage « imbécile » était synonyme de « Cadavre encore tiède ». Et puisque je n’était pas un idiot, actuellement, la seule chose que je désirais était de trouver un tout petit trou pour me blottir dedans et y disparaitre. 
Parce que ça ne voulait dire qu'une seule chose une pareille puanteur. 
Mort-Vivant.

Et encore je pouvais m'estimer chanceux, car j'avais le vent de mon côtés et quelque fut la puanteur exécrable de cette créature, il était milles fois préférable que ce soit moi qui la sente et non pas elle qui flaire mon divin arome. Compte tenu de l'odorat redoutable de ces créatures, si par malheur le vent faiblissait ou changeait de direction ne serait ce que de quelques degrés, j'étais mort. 
Mon seul petit espoir résidait dans ma capacité à tirer une flèche bien placée avant de me faire apercevoir par la créature. Un splendide coup de dés, un pied de nez au destin, un acte de courage décérébré et une mort héroïque. Sauf que ce genre d'attitude m'effleurait l'esprit, comme une sorte de petite blague, un trait d'humour cynique sortit d'un tréfonds dérangé de mon cerveau. Mourir c'était une chose, un concept désagréable, mais je pensais être capable de m'y résoudre avec un certain détachement, en revanche, mourir comme un idiot, ça, je m'en passais.

J'ai bandé mon arc, priant la chance ...


...

[HRP] Il me restait 21 pv. Il devait en rester une quarantaine au mort-vivant. Ils ne me renvoyaient que tres rarement des retours, et j'étais à 63xp du level up. Quelle utilité d'utiliser une potion me suis-je dit. J'ai compté sur la chance.
J'ai tiré et ...


Tir simple sur Mort-vivant
Vous infligez 38 points de dégâts au monstre.
Il vous inflige 34 points de dégât en retour.



"La chance n'est qu'une catin!"