L'air glacial, la neige qui tombait avec abondance sur les plaines enneigées d'Astaegan, ces flocons d'une blancheur et fraîcheur presque émouvante, se déposaient, depuis bientôt quelques centaines de jours sur le territoire de cet archer. Une plaine blanche uniforme, sans traces de pas, qu'il aimait tant contempler, des heures durant. Il était là, depuis sa naissance, sur ces terres qu'il connaissait si bien. Il connaissait les moindres recoins, les moindres plantes et arbres présents dans ces montagnes, presque les siennes depuis tout ce temps. Des rencontres ? Il n'en faisait guère souvent, il croisait de temps à autre le bûcheron Rodas, qui venait une fois toutes les deux pleines lunes, couper du bois servant à faire marcher sa petite cheminée présente dans sa hutte minuscule. Parfois, il arrivait à l'archer de redescendre de ces montagnes glaciales, mais toujours très furtivement. A vrai dire, il ne descendait que dans des cas extrêmes.

Lors d'un de ses voyages vers le sud, destiné à acheter quelques matériaux introuvables dans ses montagnes, il rencontra, au détour d'un chemin, une petite archère aujourd'hui devenue druide grâce à l'enseignement de ce bon vieux Bur, qui lui avait aussi appris les rudiments des arts du franc-tireur. Cette druide, au caractère bien trempé qu'il appréciait tant, lui avait fait découvrir de nouvelles choses, sans pour autant le pousser vers ce qu'il déteste, la civilisation et le monde moderne qui l'entoure. En effet, Kehl était un archer d'un certain âge, vigoureux et robuste, vivant seul depuis toujours. On le reconnaissait facilement de par le heaume de couleur mauve couvert de neige qu'il porte depuis sa tendre enfance, ce heaume qui appartenait à son père, lui aussi franc-tireur. Ce heaume cachait quelque chose, une tête, des traits de caractère, un visage, des yeux.. dont personne n'avait jamais vu la nature et les couleurs. Il gardait ce heaume surement pour des raisons techniques, non pas pour raisons esthétiques, du fait qu'il était d'une robustesse à toute épreuve et qu'il le protégeait parfaitement du froid du nord.

Par une journée ensoleillée, il prit son arc renforcé, ses flèches, son heaume fièrement ajusté sur sa tête, et partit chasser l'ours enragé et le grizzly des montagnes, histoire de faire des réserves et un bon festin pour la fin de journée. Une heure, puis deux, puis trois, sans trouver de proie à se mettre sous la dent, le découragement n'était pas encore là, Kehl était un acharné, il combattait pour sa survie et avait appris à ne jamais baisser les bras. Il avançait, se déportait derrière un arbre, un bosquet tout de blanc vêtu, un rocher, lui aussi blanc. Furtivement, comme lui avait appris son père, il aperçut un yéti esseulé. Une esquisse de rictus se fit voir, il décrocha une rare expression vocale, ne parlant jamais. « Grave erreur.. » dit-il tout bas vers sa proie qui lui tendait les bras. La flèche au point, la corde tendue à son maximum, il s'apprêtait à tirer cette flèche meurtrière sur ce qui devait être son repas de soir. Pas le temps de finir sa brève phrase, que le yéti s'échappait, apeuré par des ombres frêles et noires au loin, qu'il distinguait à sa droite.

Toujours caché derrière sa roche, il vit passer deux êtres humains.. Le premier, inconnu de sa personne, jamais vu dans ces plaines du nord, d'apparence un homme grossièrement habillé pour lutter contre le blizzard. Derrière lui, se trouvait une silhouette familière qui se trouvait être Grumpy, cette jeune archère connue il y a plusieurs années qu'il avait tant apprécié. Sans un bruit, il se mit à les suivre, non pas par obligation, mais par curiosité, histoire de savoir ce que cet homme voulait à la jeune druide, et savoir surtout où il l'emmenait ainsi. Plusieurs heures passèrent, le froid des montagnes laissait place à la douceur des terres du sud, la nuit était tombée lorsque les deux personnages s'arrêtèrent devant une grande bâtisse, une Auberge d'apparence noble et bien tenue. Ils restèrent quelques minutes devant la grande porte munie de boiseries qui faisaient bon effet, le temps pour lui de retirer sa lourde veste qui lui tenait si chaud. L'arc dans le dos, la dague dans la main, prête à l'attaque, il observait les deux personnages, attendant un quelconque mouvement de leur part.

Liane se retrouva alors seule, son amie l'ayant abandonné aussi vite qu'elle l'avait rencontrée. Elle se décida à obéir, même si elle trouvait cela ridicule. Pourquoi Grumpy paraissait-elle aussi pressée? Avait-elle des clients, même dans une région aussi reculée . . . ?

Il n'en était rien, ses directives étaient ridicules. Mieux valait retourner près de la porte, au cas ou elle s'ouvrirait miraculeusement.

-Y'a autant de monde dehors que dans cette foutue auberge. Z'attendent quoi pour nous ouvrir? Après tout . . . on est quand même aquamancienne et druide . . .On est pas n'importe qui . . . On est pas la compagnie à Joe le clodo . . .

A peine eut elle le temps de retourner vers l'entrée de l'auberge que son coeur tressaillit à la vision d'une nouvelle silhouette. Ce n'était pas Grumpy. Kleber? Etait-il aussi grand et robuste? Portait-il cet étrange heaume? Avec un arc et un carquois à flèches? Non, impossible. . .

-Heu, excusez moi . . . A qui ai-je l'honneur de m'adresser? Désolée mais vous m'avez fait peur . . . l'obscurité et la fatigue combinée . . . cela ne fait guère bon ménage chez une fille aussi dérangée que moi. . .

Elle attendait avec impatience la réponse de son interlocuteur. Elle était effrayé par sa stature, et effrayée d'être tombé sur quelqu'un qui avait de mauvaises intentions.

Ses narines se fronçaient désormais. Un homme. L'odeur ne se révélait pas très forte, mais cependant portait en elle une essence de pin, semblable à celle des grands séquoias d'Astaegan. Un homme des terres gelées, le choix se restreignait considérablement. Au diable, l'envie se faisait trop pressante. Se jetant derrière un des taillis avoisinants, elle se déculotta tandis qu'à l'affût elle prêtait attention aux bruits avoisinants. Des éclats de voix? Ses lèvres esquissèrent un rictus tandis qu'elle se penchait dangereusement vu sa position vers l'origine des voix, l'aquamancienne avait-elle retrouvé le guide?

Une crainte l'étreignit et si c'était ce mystérieux inconnu qui avait acculé son amie et qui s'apprêtait à lui faire la peau? "Diantre!", siffla t'elle en se reculottant rapidement, et en sortant rageuse de son buisson pour s'élancer à l'aveugle vers la provenance des protagonistes selon elle. Manquant de s'étaler à plusieurs reprises du fait de racines traitresses ou encore de cailloux joueurs, elle brandit son bâton tandis que sa course la rapprochait davantage du danger.

Crispant son visage en guise de prière, elle reprit ses réflexions sur l'identité de l'inconnu d'Astaegan. Une présence assez discrète qu'elle n'eut pu la distinguer, une odeur empreinte de la sève des grands pins, une voix posée et confiante de ce qu'elle avait pu entendre.. Qui était-ce? Mais qui était-ce ?!

Bousculant Liane elle fit face elle aussi à l'inconnu, le foudroyant du regard. Elle était en vie, et lui aussi. Tandis qu'un grognement emplissait désormais sa gorge, ses ongles se recourbèrent pour laisser place à des griffes, un duvet recouvrait peu à peu son visage et ses bras.. Bestialité, il paierait pour son effronterie. Tandis qu'elle fixait l'étranger son regard se fît plus affûté et les contours de la vague silhouette se firent plus nets laissant apparaitre un archer de grande taille portant un heaume. La mâchoire de la druide tomba témoignant de son hébétement et bientôt son grognement se mua en un ronronnement de contentement.

"Que fais-tu ici toi aussi?" susurra t'elle au nouveau venu. Se retournant vers Liane, elle lui sourit et lui répondit un "Kehl" du bout des lèvres.

Kehl observait depuis maintenant quelques minutes les deux compères, les deux femmes, discutant de choses qu'il n'arrivait à comprendre de là où il se trouvait. Il remarquait nettement l'empressement qu'elles avaient toutes deux pour rejoindre l'intérieur de l'auberge, mais aussi l'hésitation, ou peut être la peur d'y rentrer. Les minutes s'écoulaient, les deux protagonistes discutaient toujours quand une des deux silhouettes s'éclipsa afin d'assouvir un besoin naturel. Une ombre au loin s'approchait désormais de lui, silhouette qu'il ne reconnut pas cette fois-ci. Kehl, sûr de lui, sûr de ses appuis, sûr de ses armes, attendit fièrement, toujours caché, que l'ombre s'approche, voulant savoir s'il était repéré, ou non.

A quelques centimètres de lui, la silhouette méconnue s'immobilise. Il décide alors de se lever, de faire face à cette personne, dague au poing, prête à tuer. Il détend ses jambes, son buste, son dos rond devient droit tel un piquet, et surplombe l'être inconnu de par sa grande taille. Il fait maintenant face à cette silhouette qu'il ne connait pas. Des questions, des interrogations envahissent son esprit, tout en gardant avec assurance un œil sur cette personne. Que dois-je faire ? Attaquer ? Attendre un engagement de dialogue de sa part ? Je suis prêt à combattre de toute manière, autant lui laisser une chance de parler, pensait-il.. A peine le temps pour lui de se poser ces brèves questions, qu'une phrase vint l'interrompre.

-Heu, excusez moi . . . A qui ai-je l'honneur de m'adresser? Désolée mais vous m'avez fait peur . . . l'obscurité et la fatigue combinée . . . cela ne fait guère bon ménage chez une fille aussi dérangée que moi. . .

Cette voix, il ne la connaissait pas. Il n'avait pas pour habitude de répondre aux inconnus par la parole, mais plutôt par l'attaque. Le silence se fît, il ne répondit pas, pensant que ce n'était pas la peine de se présenter à une personne qu'il ne reverrait sans doute jamais.

Brisant ce silence, des bruits se firent entendre, des soupirs, des bruits de branchage que l'on bouge. Une ombre, un être, une silhouette vint peu à peu s'ajouter à celle déjà présente. Toujours sur ses gardes, il regardait avec insistance la nouvelle personne, voulant à tout prix deviner, décrire le visage qu'ornait cette silhouette de couleur sombre. La brume, le léger film sombre qui empêchait de reconnaître cette personne se dissipait peu à peu, des griffes, des poils se firent voir, une odeur bestiale mais familière se fit sentir. Sans nul doute, c'était bel et bien sa chère Grumpy qui avait rejoint l'être encore inconnu de Kehl.

Le temps pour lui de bien décrire les traits caractérisant son amie, il sourit, content de voir la druide saine et sauve. Une phrase dissipa ce silence pesant, il entendit..

" Que fais-tu ici toi aussi? "

Quelque peu honteux, Kehl lui répondit quelque chose de peu distinct, mais encore compréhensible..

" Tu vas surement trouver cela bête, mais je m'étais mis dans l'idée de te suivre, voir ce que cet homme te voulait. Mais apparemment, il ne te voulait aucun mal, je suis content. Je vais m'en retourner dans mes montagnes.. "

Suivant cette réponse destinée à Grumpy, il s'en retournait vers l'autre personne, et dit avec fierté et force :

" Je suis Kehl, archer des temps anciens devenu franc-tireur au fil du temps. Je vis dans les hautes montagnes d'Astaegan seul, là où personne ne se risque. Je suis comme le gardien de ces terres gelées, le propriétaire presque. "

Ayant finit ses quelques mots autobiographiques, il remit sa veste sur ces épaules tout en observant les deux compères, de petite taille, eux aussi l'observant.

Liane rentrait donc a l'intérieur de la fameuse auberge devant laquelle elle attendant depuis déja . . . assez longtemps.
La pression commençait à se faire sentir, et une sorte de crainte voyait le jour dans le coeur de l'aquamancienne. Elle hésitait toujours et encore, effrayée par la tournure qu'allaient prendre les évènements.
Elle n'osait plus parler. Si elle avait pu se cacher dans un coin, croyez bien qu'elle l'aurait fait. Mais il lui faut désormais affronter la Vérité afin de mieux la combattre.
Liane souhaitait s'affirmer, sans pour autant y mettre beaucoup de conviction.

Après tout ce qu'elle avait pu traverser, pourquoi se sentait-elle si inférieure à ceux qui l'entouraient à ce moment là?
Une crainte inavouée surement, qu'elle ne saurait expliquée d'elle même . . . peut-être un jour en trouvera t-elle la signification, mais pour le moment, elle devait faire face à la situation dans laquelle elle se trouvait, et ne point montrer son désarroi et ses faiblesses. Se rendre forte pour lutter contre ses peurs, car c'est dans l'adversité qu'on montre notre véritable caractère.

Se lancer. . . :

-Hum . . . On fait quoi?

Quelques frissonnements vinrent secouer le corps pourtant résistant de la druide, au dehors la température avoisinait celle des journées les plus chaudes sur Astaegan. Et elle n’avait pu réprimer un gémissement jouissif quand enfin la porte de l’auberge s’était ouverte à la suite des prières rauques du guide qui avait réapparu aussi soudainement qu’il s’était éclipsé quelques instants plus tôt. La lumière était venue brûler le regard de la jeune femme qui n’avait pu qu’entrevoir la silhouette fluette d’un homme sur le seuil si bien qu'elle se contentait d’écouter le dialogue des deux amis qu’étaient Kleber et Valérias. C’était en effet d’après leurs dires l’aubergiste qui se tenait là dans l’embrasure de la porte, seulement l’aveuglante lumière empêchait la druide de se rassasier des traits de son futur hôte. Leur dialogue s’éternisait, et tandis que les mouvements de ses pieds reflétaient son humeur maussade à la perspective de rester encore quelques instants de plus dans la nuit froide les hommes se décidèrent enfin à pénétrer dans la chaude demeure. Jetant un regard derrière elle afin de vérifier si ses deux amis, seul îlot connu dans cet océan de visages étrangers, la suivaient, elle franchit les yeux entrouverts le seuil de l’auberge de Valérias, avec la nette et étrange certitude qu’elle se retrouverait bientôt chez elle.

Les cris rieurs d’hommes se mêlaient aux gloussements féminins, le tumulte régnait en la demeure, cependant nul ronflement aviné, ou encore rôts ne parvenant à ses oreilles encore félines ses traits se détendirent et bientôt elle se risqua même à un sourire. La masure semblait bien tenue, et ses occupants plus que corrects, cela la changerait des tavernes qu’elle avait due fréquenter pour mener à bien ses diverses quêtes et missions. Tandis qu’elle se laissait aller contre un des murs de pierre de la demeure ses narines savourant le doux fumet de bectance, et l’arôme sucré de bières pensait-elle, le doux songe de se voir attablée devant un pot de miel, et de douces tartines sucrées encerclant une choppe de lait chaud, un coup de coude de Kehl qui se pressait vers une des tables désormais vides de l’auberge vint la ramener à la dure réalité. Cependant fixant du regard Valérias elle se promit de lui demander dès que possible si sa demeure disposait de l’un de ses mets, et pourquoi pas se disait t’elle dans un élan d’optimisme, de tous.

Suivant le mouvement de la joyeuse troupe, elle prit place à une table usagée qui avait certainement due supporter depuis son assemblage nombreuses assiettes et chopines, et qui sait même quelques bras de fer de robustes gaillards voulant prouver à de jeunes donzelles leur virilité débordante. Fronçant les sourcils, elle se retourna vivement de sur sa chaise, "Le sien de gaillard où était-il donc passé ?", à la recherche des trais désormais familiers de l’aubergiste. Elle le retrouva à proximité du comptoir visiblement en pleine discussion avec un homme de petite taille, quoique celui ci ressemblait bien plus à un enfant crasseux qu’à toute autre chose. Les tâches carmin qui avaient trouvées domicile sur sa chemise ne pouvaient méprendre quiconque, s’était-il blessé ? La druide en doutait au vu de l’assurance qu’il avait, le sang n’était visiblement donc pas sien, l’image du dépeçage d’une chèvre dans une clairière lui apparut mais bien vite chassée par la ferme conviction que le jeune homme en question n’avait pas goûté de ce gibier quadrupède mais plutôt d’une proie à deux pattes.. Deux jambes même. "Tiens tiens..", voilà qui venait dénoter dans cet auberge pourtant d’apparence paisible, détail d’ailleurs que ne semblait pas apprécier son propriétaire. "Intéressant, très intéressant.." sourit-elle lorsque le jeune homme vint rejoindre son jumeau d’apparence avant de l’attirer à lui vers l’étage. La druide aurait payé bien deux sacs de piécettes pour entendre l’histoire des deux gamins qui désormais avaient échappés à son regard inquisiteur.

" Sieur Valérias ! " héla t’elle l’homme qui visiblement n’était pas prêt de disposer de quelque répit, en levant la main bien haut après avoir émi quelques sifflements en direction de l’intéressé. Tandis qu’elle gardait son regard braqué en direction de l’aubergiste, elle entendit Liane marmonner à ses côtés. Plaçant sa dernière main libre sur l’épaule de son amie, elle se contenta de lui souffler un " On boit que diable !", suivie d’un plus discret " Repère donc traînée s’il n’y a pas quelques doux visages dans les environs, je ne serai pas contre partager ma couche cette nuit.. ". Grimaçant légèrement elle espéra intérieurement qu’elle n’aurait pas à faire couche commune avec l’aquamancienne, l’auberge paraissait en effet plus qu’occupée et elle ne supporterait point d’avoir enduré une si longue marche pour s’assoupir aux côtés d’une quelconque femelle. Sa main quitta la frêle épaule de sa voisine de table pour venir rajuster en toute innocence son corsage, tandis que l’autre s’agitait toujours en direction de Valérias.

Quelques minutes avant ...


Je suis retourné vers Kâhna. Il foudroyait l'aubergiste du regard. C'était dans ces moments là qu'il fallait éviter de lui parler, je le connaissait bien assez pour savoir que ses foudres me retomberaient dessus si j'ouvrais la bouche. Il avait voulu s'imposer d'emblée, et l'échec de cette entrée en scène semblait le mettre en rage. 
J'ai continué à marcher, laissant à mon frangin le loisir de me suivre ou non. Bien que je me doutais que sa colère menait un vain combat contre sa fatigue. Il était derrière moi lorsque j'ai inseré la clé dans la porte de bois. Pas même un grincement ne s'est fait entendre lorsque celle-ci s'ouvrit. Soit la chambre était pratiquement inutilisée, soit Valérias avait fait du très bon boulot.

Lorsque la porte s'est complètement ouverte, je suis resté sans voix. Même Khâna a troqué ses sourciles râgeurs pour une expression de surprise muette. Que dire de cette pièce si ce n'est qu'elle était magnifique à mes yeux. Le confort était un luxe inaccessible dans notre village d'origine, et cette chambre était l'image même de la confortabilité. Les deux lits siègant au milieu de la pièce se voyaient recouverts de draps soyeux et d'oreillers moelleux. Un tapis orné de subtils motifs reposait entre les deux lits. Entre ces derniers se trouvait également une armoire commune, ainsi qu'une petite lampe, accrochée au mur. Chaque lit était agrémenté d'une table de nuit à son extrêmité. Peut-être etait-ce dû à la fatigue ou aux récents évènements, mais je voyais en cette chambre la plus belle merveille qu'il m'eu été donné d'admirer. J'étais ravi, comme mon frère à en voir l'expression de son visage. Il se rappela toutefois qu'il était en "mode boudeur" et reprit rapidement son attitude bourrue. Il se changea rapidement, et s'isola sous ses couvertures. Je sourit.
"Lui aussi il est parfait".
Après un dernier regard vers le grincheux, je me suis moi-même changé, et ai fait de mon mieux pour paraître présentable. Bien que ce ne soit pas du tout mon fort.
Je me suis à nouveau tourné vers Kâhna. Il dormait à poings fermés. Ce que j'allais faire était pour le moins cruel, mais il était essentiel pour la suite que je le fasse. Je me suis penché à côté de lui, et ai commencé à le réveiller. Il grogna à la première poussée, mais ouvrit les yeux à la seconde.
"Quoi?!" Grogna-t'il.

"Valérias nous a proposé de le rejoindre en bas, et j'aimerais que ce soit toi qui fasse les présentation oficielles. Cette auberge risque bien de devenir notre nouvelle demeure, du moins je l'espère, et ce serait dommage que tu aies un différent avec le gardien des lieux tu ne crois pas?

Je t'attends en bas frèrot."

La discussion touchée à peine à sa fin lorsqu'un filet de lumière vint s'introduire dans le petit groupe. Un filet qui ne cessait de s'agrandir laissant quelques secondes plus tard entrevoir un carré de lumière forte émanant d'une porte, celle de l'entrée de l'auberge. Kehl n'avait guère pour habitude de rentrer dans une auberge, taverne ou quelconque demeure soit elle. Mais cette fois si, surement pour ne pas laisser son amie druide seule, ou tu simplement par simple curiosité, il ne se refusait pas à suivre le groupe de personne qui se dirigeaient, avec entrain, vers la grande bâtisse. L'hésitation ne faisait grande en lui, mais pour une fois, il comptait bien braver les interdits, ses interdits.

Ses pas le menait jusqu'à l'entrée de l'auberge, là où il pouvait voir une masse humaine, chaude et bruyante, se concentrée. Il pouvait voir des silhouette à la fois propres sur eux, où d'autres, d'apparence, alcoolisées.
Les silhouettes, dont une familière, se dirigeaient vers une table, propre. Il les suivait donc, toujours sur ses gardes, au cas ou, toujours dague au point, légèrement dissimuler dans sa manche gauche. Il inspectait discrètement le banc où il avait prévu de poser son derrière. Rien à signaler, il s'assit. La discussion n'avait pas repris, mais il pouvait entendre son amie Grumpy appelant un homme du nom de Valérias, que Kehl ne connaissait pas. Les cris de la druide le poussait à chuchotter ceci.

« Aurais-tu la gorge en feu pour demander avec tant d'empressement un breuvage afin d'épancher ta soif ? J'en ais bien l'impression.
Ah, une dernière chose, ne compte pas sur moi pour remplir tes draps en ta compagnie cette nuit. D'une part je ne dors pas avec une telle femme demandeuse d'on ne sait qu'elles envies, ensuite, je ne compte pas passer la nuit ici, il fait une chaleur horrible, qui pourrait m'être fatale. Je préfère encore dormir dehors, au frais. »

Ces quelques mots glisser sournoisement à l'oreille divine de la belle druide n'avaient aucunement changer l'attitude de celle-ci. Elle avait toujours le regard sur l'homme, d'après elle, nommé Valérias. Homme qui, par Kehl, était inconnu. Il n'avait pas vraiment soif et n'était pas vraiment friand d'alcool. La faim non plus ne l'avait pas gagnée, le sommeil, quant à lui, commençait à se faire sentir. Calme, au fond de la table, presque tapit dans l'ombre, il observait ces camarades, ces personnes qu'il ne connaissait pas, attendant l'arrivé de l'homme qui attirait l'attention de son amie druide de charme.

J'avais décidé de suivre mon frère au sommet de ces escaliers. L'idée de m'extraire quelque peu de la pression que je ressentais à chaque regard de Valérias était loin de me déplaire.
Néanmoins, même calmé par le silence à l'étage je restais gronchons mon frère l'avait bien compris et accentué ce silence en ne disant aucun mot. Seul le petit "clap .." perturbait celui-ci mais donnait le signal d'ouverture de la chambre, le sommeil me gagnait soudainement. Disons plutôt que ma colère s'apaisait quelque peu laissant une légère place permettant au sommeil de s'afficher véritablement.
Les quelques signes trahissant encore ma nervosité étaient apparent sur l'expression de mon visage mais ceux-ci se troquèrent à une expression de surprise, quand Veñor ouvrit la porte.

Le lieu était d'un confort dépassant toute la concurrence de notre village, ainsi que des villages voisins au notre. Tout y était propre, soit la chambre ne connaissait que peu de locataire, soit Valérias dirigeait son Auberge d'une main de maître. Mais, je reprenais très rapidement mon humeur maussade pour ne pas avoir à complimenter l'auteur de mon agaçement de fin de journée. Néanmoins, je ne me permais pas non plus de critiquer le travail de ce fameux Aubergiste pour ne pas rompre la joyeuse description visuelle de mon frangin.
Je me contentais de me changer assez rapidement tout en ronchonnant intérieurement, avant de me mettre au pieu. Il était d'une qualité digne de la noblesse à s'en demander si l'on avait pas prit la chambre princière. C'est une secousse furtive, qui me réveillait .. Visiblement j'avais commencé à m'en aller pour cette nuit. Evidemment, et comme devait s'y attendre certainement mon frère je répliquais à ce réveil des plus indélicats : "Quoi ?!"

Mon frère se contentait de répondre calmement, je constatais à son intonation qu'il me connaissait plus que parfaitement.

"Valérias nous a proposé de le rejoindre en bas, et j'aimerais que ce soit toi qui fasse les présentation oficielles. Cette auberge risque bien de devenir notre nouvelle demeure, du moins je l'espère, et ce serait dommage que tu aies un différent avec le gardien des lieux tu ne crois pas?

Je t'attends en bas frèrot."

Je dois avouer que mon caractère me proposait à ce moment de bien rester couché dans ce pieu des plus confortable, mais il n'avait pas si tord que cela le frangin. Il est vrai qu'actuellement nous n'avons nulle part où aller et ici nous avons le confort nécessaire pour vivre quelques temps, cela mérite bien que ma fierté en prenne un coup. Et puis, la faim me gagnait celle-ci avait fini de me convaincre, et je suivais toujours de façon muette mon frangin dans les escaliers, avant de prendre les devants en bas de ceux-ci. Je voyais en bas que le nombre dans la Taverne avait considérablement diminué, néanmoins, un groupe de quatre personnes était présent avec en bout de table bien dressé sur ses deux jambes, Valérias.
Le moment était venu de repprendre tout depuis le départ avec le chef des lieux. Ce n'était après tout que les dires naïfs de mon jeune frère, rien ne m'obligeait à les suivre.

Je posais mon derrière à la table la plus proche du groupe de quatre et Veñor se contentait de s'assoir à mes côtés le regard attristé, pour ma part je faisais mine d'avoir oublier les présentations. C'est d'un geste de main que j'alertais le fameux Aubergiste, en espèrant que celui-ci ne nous propose pas de se joindre au groupe de nouveaux venus dont il semblait connaitre une personne parfaitement, je n'avais pour ma part rien à y gagner de cotoyer ces gens. Quant-il levait les yeux vers moi, je prenais la parole mais d'une toute autre manière, ça ne servait à rien de déçevoir à nouveau mon frère.

"Valérias, c'est bien cela ?! Je te prie de m'excuser pour le comportement affligeant que j'ai montré tout à l'heure à ton égard, cela ne se reproduira plus et je m'excuse par la même occasion de couper visiblement tes retrouvailles. J'ai une commande à passer. Effectivement, je ne connais absolument pas le coin donc je me disais qu'un repas traditionnel serai parfait pour moi et mon frère, si tu as évidemment.

D'un sourire, j'accompagnais ma demande.

L’aubergiste avait plus que tardé mais comment lui en vouloir, sa mère n’avait pas lésiné sur les détails en le concevant si bien qu’importe la méprise ou maladresse qu’il eut pu commettre la druide peinait bien à trouver quelques remarques de son crû pour lui exprimer son agacement. Elle se contenta donc de regarder son verre, nouvellement apparu, se remplir doucement mais sûrement d’un liquide transparent. Nul n’aurait pu se méprendre sur l’enivrant mais piquant arôme, jetant un regard intéressé vers sa voisine de table elle émit quelques suppositions sur sa prochaine réaction lorsque la boisson coulerait dans son gosier encore certainement bien naïf à l’image de sa propriétaire. S’accrocherait elle compulsivement à la table tout en prétextant un soudain endormissement, s’enfuirait-elle de son tabouret pour se jeter sur la porte qu’elle trouverait fermée avant de finalement dégobiller son reste dans l’un de pots de fleurs au coin du comptoir, se baisserait-elle pour ramasser un objet imaginaire afin de mieux râler pensant soulagé ainsi sa gorge enflammée, ou ferait-elle du mieux qu’elle pourrait pour conserver une attitude désinvolte tandis qu’une boule de feu lui rongerait le gosier ?

Tout sourire, elle tendit ses doigts vers la boisson, doigts qui vinrent se refermer avec assurance sur la coupe, et portant celle-ci à ses lèvres elle sourit à ses voisins de table levant à chaque salutation son verre d’un air enjoué. Quand vint le tour de s’adresser à Liane, elle se décala légèrement pour mieux regarder son amie et lui adressa un clin d’œil amusé avant d’avaler goulûment le liquide qui n’avait que trop pris l’air à son goût.

Se passant la langue sur ses lèvres encore humides, elle savoura la boisson qu’elle trouva merveilleusement délicieuse. Alors qu’elle s’apprêtait à retourner à l’aubergiste nombres compliments sur son breuvage, l’intéressé avait disparu. Décidément celui-ci ne tenait pas en place, le voilà qui était déjà attablé à quelques mètres de là en compagnie des jeunes gens d’un peu plus tôt. Les apercevant mieux accoutré, son regard se fit rieur et prêtant une oreille à la conversation qu’elle pouvait désormais suivre avec aise du fait du calme plus ou moins revenu suite aux départs de la plupart des fêtards. Notant avec intérêt la proposition que leur faisait l’aubergiste elle ne put que saliver, l’eau de vie était certes revigorante mais guère nourrissante, elle ne se forcerait pas à manger si l’on lui proposait un cuissot de sanglier, ou encore une volaille bien rôtie.. "Et ceci accompagné d’une compagnie de légumes aux garde à vous.." Que Diable, alors qu’elle s’apprêtait à se mêler d’une façon plus que cahotante à la conversation de la table d’à côté, l’aubergiste commit une méprise impardonnable, méprise qu’il aurait fallu punir par le trépas si la question du logis n’en dépendait pas. Se trémoussant le postérieur sur sa chaise, la druide rageait intérieurement qu’un si doux visage eut pu parler de rôtir l’un de ses frères de sang. "Servir de l’ours.. Non mais quelle idée.."

S’emparant avec une assurance plus que commune du verre de Kehl elle le vida d'un trait, et le reposant en un geste brusque à côté de son frère vidé depuis maintenant un moment, elle loucha avec insistance sur celui du vieux roublard de Kleber.. "Nan mais j’vous jure aller tuer une si pauvre bête pour satisfaire les envies plus que tordues d’une poignée de fêtards.. Diantre fallait être sacrément fêlé de la carafe.." Le guide cependant semblait avoir prévu le geste prochain de la druide, et bientôt il vint à écarter sa boisson des griffes acérées de la soularde. Jetant un regard imbibé au traître qui venait de lui subtiliser son trésor elle marmonna quelques jurons qui finalement ne purent franchir sa bouche et qui vinrent s’échouer contre ses crocs tandis que Valérias réapparaissait et entamait d’une voix impassible une annonce des plus importantes.

Penchant sa tête légèrement, les yeux de la druide se froncèrent. "Piaules". "Dormir." "Seule chambre." "Pour moi !" "A l’étage." "Ouch les marches à gérer ma grosse." "Lit double." "Héhhé.." "Baldaquin." "Et beh hemm.." "Fenêtre", "champs" "Belle perspective de fin de nuit.." Sa main se leva tandis qu’elle crachait un rapide "Moi M’ssieur!", son regard fit le tour de la tablée en quête d’une personne avec qui partager sa couche. Kehl ? Espèce de grincheux qui se disait trop sensible à la chaleur, "J’lui en fouttrais moi de la chaleur à c’tte espece de cul serré !", Kleber ? L’homme sirotait son verre ne se sentant visiblement pas concerné par l’annonce de l’Aubergiste. Ne pouvant réprimer un rire à la vision du vieux routard dans un lit à fanfreluche, ses yeux se tournèrent vers Liane. "Hem ? Certes pas, pas de femelle!" elle n’en avait pas encore assez dans le nez pour s’abaisser à s’amuser avec quelque sexe faible. Ne restait plus que lui. Dodelinant de la tête vers l’aubergiste elle lui lança un fragile "Et vous ? Vous avez de quoi pouvoir dormir cette nuit ?"Après tout, à lui de décider s’il voulait ou non réparer sa méprise gastronomique.

Liane observait, attentive à tout ce qui se passait autour d'elle. Elle eut un déclic, lorsque Valérias parla de "lit à baldaquins" et de "vue sur les champs" . . . Un peu de confort après tout ce qu'elle avait enduré aujourd'hui . . . Mais encore fallait-il que MADEMOISELLE Grumpy ne gâche une occasion de se taire. Madame voulait la chambre à elle toute seule. Plutôt crever les doigts de pieds gelés que de lui faire ce plaisir. Elle prit alors sa petite voix, si attachante, si . . . ahlalala, cette petite qu'on aurait envie d'embrasser bien qu'elle ne soit pas palpable, et dit :

-Espèce de sorci. . . Pypy, jpeux dormir avec toi? j'ai peur toute seule, pis jconnais personne ici. . . Et puis zut, qu'est ce je fous la?! Maintenant jlui demande son avis à la peillu! Alors écoute moi bien gros tas, ce soir je dors dans cte chambre. T'y viens si tu veux, mais tu fais pas de bruit, sinon j't'arrache ce qui te sert de langue et j'y refile à bouffer aux corbeaux. Tu commence à saisir ma puce?

Ainsi venait de parler Liane à l'oreille de Grumpy. Elle attendait une réaction des plus chaleureuses de la part de la druide. Leur petite guerre intestine durait depuis déja leur rencontre, l'une reconnaissant en l'autre une morue définie, et l'autre voyant à travers l'ours une sorcellerie des plus abominables.

-Jte préviens ma Belle, que si tu me refiles tes asticots pour dormir, tu le paiera cher. A grand coups de marrons jte le ferais regretter, et tu sais que j'ai a coeur de réaliser mes promesses. C'en est une, ma toute Douce. Alors tu prends tes affaires, tu tords vite fait de la croupe, on monte ces foutus escaliers, et on va se réchauffer les rotules à l'étage. Ca te vas?

La commande venait d'être passée. Aussitôt dit, aussitôt fait accompagné de quelques arguments et explication à dormir debout ou plutôt assis dans ces circonstances, le résultat était là une assiette pour moi et mon frangin remplis d'aliments à base d'Ours. Mon constat était tout trouvé, il n'y avait pas de repas traditionnel de la région existant et puis c'est tout. "Valérias, souhaite de son endroit le luxe le plus grand, quitte à mentir sur la région." Tel était mon constat.
Mais l'odeur était des plus appétissantes et moi et mon frangin, on ne s'est pas fait prier pour entamer l'ours, tipique ou pas tipique de la région. Mon frère avait commencé à lever la tête pour assister au vacarme de la table voisine, accompagné d'un furtif battement d'oeil vers le haut avant d'aussitôt les rabâttres sur son assiette déja bien entamée.

"Et vous ? Vous avez de quoi pouvoir dormir cette nuit ?" Il m'en fallait pas plus pour manquer de m'étouffer. Je pris aussitôt une position en biais par rapport à ma chaise, pour pouvoir regarder l'auteur de cette phrase qui avait fallit me coûter une toux des plus honteuses.
Mon frère ne semblait pas avoir remarqué ce léger étranglement à moins qu'il était attiré par le spectacle qu'offrait ces perturbateurs. Quoi qu'il en soit, cela n'était pas pour me déplaire il se serait mit à rire de la manière des plus gênantes me mettant dans une situation inconfortable.
Cette perturbatrice au ton naïf avait un visage angélique, du moins pas de quoi exprimer un dégoût à la contempler et elle s'exprimait assez aisément. Visiblement la timidité ne la touchait pas. Elle avait commencée à lever ses yeux vers moi, suffisament pour en devenir gênant. Bizarrement, elle semblait à y réfléchir plus contempler mon assiette, à en faire un rituel à chaque fin de phrase. Mais elle rompait ce rituel, certes gênant mais néanmoins plaisant pour regarder l'autre femelle située à ses côtés, qui avait prit la parole.
D'abord de manière très douce, du moins de ce que j'avais perçu dans les dires de la seconde femelle, car elle s'était exprimée à l'oreille de la nana au visage angélique. Mais, comme après avoir eu un gain de confiance sa seconde parole toujours en direction de la première femelle était dîtes de manière plus affirmée et plus sévère. Visiblement une histoire de chambre. La situation idéale, pour montrer à Valérias qui arbitrait la scéne toujours dressé sur ses pattes que mon caractère n'était pas celui de ma première prise de parole, tout en joignant l'agréable. Séduire ces femelles était en effet pas des plus répugnants.

Après, avoir répété la prise de parole dans ma tête je me suis lancé, convaincu que je devais accélerer les choses pour pas laisser refroidir mon ours. Sans se concerter avec Veñor, j'avais proposé cette idée.
"Très chères demoiselles, je peux peut-être vous passer ma chambre ? Un inversement de chambre ne devrait pas gêner Valérias et nous arrangerai à tous les quatre. Notre chambre est d'un confort royal." J'accompagnais tout cela d'un sourire, trahissant mon intention.
Les quatres personnes, cinq avec Valérias me regardaient. Convaincu que la première femelle regardait encore mon assiette je dû me décider de façon très maladroite à lui en proposer quelque peu.
"Vous souhaitez de l'Ours peut être ?"

Les minutes passaient, les discussions se faisaient de plus en plus fluides et détendues. Comme à son habitude, Kehl ne prenait pas part à la conversation de par son naturel solitaire, mais il écoutait tout de même avec attention les dires de ses compagnons de tablée. Ils parlaient de choses et d'autres, toutes aussi intrigantes les unes que les autres, de sujet multiples et variés. Ils pouvaient partir d'un sujet commun tel que la chasse, pour en revenir à des sujets plus sensible voir tabou tel que l'argent ou les meurtres qu'ils ont pu commettre. Comme à son habitude, il ne pouvait s'inviter plus longtemps dans une auberge qu'il ne connait pas. L'arc arnaché à son dos, ces flèches et évidence et toujours la dague à la main, cachée dans sa manche, il se leva, tout en se dirigeant à petits pas vers la sortie de l'auberge, dit :

« Nul pour moi l'envie de vous blesser, j'ai passais une très bonne petite soirée, mais je dois m'en retourner dans ma demeure. Votre compagnie m'a était forte agréable, mais je ne peux prendre le risque de perdre mon feu, si durement acquis. »

L'excuse n'était certes pas très convaincante, mais elle était pourtant vraie, et il ne pouvait songer à laisser sombrer son feu. Ce feu qui signifiait la vie pour lui, la chaleur de son abris. Il était quelques peu déçu de les quitter, mais il devait continuer d'entretenir son mode de vie qui lui plaisait temps. Le pas de la porte était alors sous ses pieds, un bref demi tours pour lancer une dernière phrase aux petit groupe d'amis..

« J'espère vous revoir, tous autant que vous êtes, j'espère.. »

Un bruit se fit entendre, la porte se refermait lentement derrière lui. Il prit alors le chemin de sa demeure modeste, chaudement vêtu et remplit de chaleur humaine.

La druide louchait depuis un moment sur l’écuelle d’un des deux jeunes voyageurs de la table d’à côté, suivant d’un regard envieux le parcours de la cuiller qui inlassablement venait se loger dans la bouche du gourmand, elle rencontra le regard bleuté du jeune homme. La rencontre fût brève mais elle suffit pour colorer les joues de celui ci si bien que la druide soudainement consciente et gênée de son état d’ébriété reporta son regard sur ses voisins de table.

Peine perdue l’étranger avait rapproché sa chaise et désormais leur faisait part d’une proposition des plus honorables. Jetant un regard furtif à son sauveur, elle s’interrogea sur ses intérêts réels dans l’affaire. Aucune très certainement. Quoique l’homme regardait avec intensité Valérias, avait-il des choses à prouver à l’aubergiste? Qu’importait c’était affaire d’hommes après tout. Alors qu’elle s’apprêtait à se lever, lasse et désormais fourbue des verres qu’elle avait vidés, l’étranger venait de lui proposer timidement de ce qui composait son repas. Haussant un sourcil en signe de perplexité, elle repoussa l’écuelle tendue pour épancher sa soif en avalant le contenu de la choppe de son bienfaiteur. Essuyant la mousse de la bière de ses lèvres elle adressa un rictus de remerciement au désormais propriétaire du verre vide. Il était l’heure d’y aller, voilà que désormais la salle tournait bien plus qu’à l’accoutumée, il y avait danger à demeurer ici alors qu’un lit à l’étage de ce qu’elle avait pu comprendre l’attendait.

L’aubergiste après s’être gratté anxieusement la barbichette venait de contrecarrer les projets de la jeune femme. Cette dernière le lui fit d’ailleurs comprendre d’un grognement appuyé, et se rassit bruyamment sur son tabouret.
Et voilà le pire était survenu, voilà qu’elle devait choisir entre dormir à la belle étoile, supporter les ronflements du trappeur ou opter pour les jacasseries nocturnes de Liane. Se retournant vers Kehl, à la recherche d'une quelconque aide de sa part, elle s’y reprit à plusieurs fois avant de comprendre à force de frottage appuyé de yeux que celui-ci s’était tout bonnement envolé. Drôle d’oiseau de nuit.. Cette réflexion déboucha sur d’autres où il était question de ce qu’elle avait sûrement manqué comme détails au cours de la soirée. "Oh et puis il ferait jour demain !"

" Vas pour dormir avec Liane Aubergiste, mène nous donc à notre chambre. "

Injonction courte mais précise, signifiant à elle seule beaucoup. La druide se refusait à toute argumentation et s’inclinait tout simplement sans rechigner. Il était tard et elle n’avait plus soif. Le jeunot d’à côté ne semblait pas pouvoir lui offrir une perspective intéressante pour la nuit tout comme Valérias qu’elle trouvait bien trop sage pour un type de cet âge là. "Il aurait dû se sentir flatté.. Ni plus, ni moins." Chez lui la fleur de l’âge tendait bientôt à se faner. Tirant Liane à sa suite, la druide se leva de son tabouret et s’éloigna de ses compagnons de table en un bref salut de la main pour gravir quelques marches de l’escalier avant de se retourner pour crier à l’aubergiste, qui se faisait désirer, si la chambre qui leur était allouée était bien à l’étage.