Parce que nous nous plaisons dans la Démesure,
Parce que nous considérons le Tout comme acquis,
Parce que nos Peurs dirigent notre Coeur,
Parce que nos joies nourrissent nos pires craintes . . .
Marcher le long des routes, à la recherche d'occupations . . . Liane avait bien trop peur de la guerre pour y prendre part, mais malheureusement, elle savait pertinemment que seuls des faits d'armes pourraient un jour l'amener à rencontrer son Roy, son Père . . . Tuer, vaincre, anéantir, annihiler, détruire, briser . . . Un lexique bien trop riche à son goût pour le mal qu'il engendre. Mais si seul le sang pouvait amadouer son roi, alors pourquoi pas? Après tout, une vie ennemie otée vaut mieux que la perte d'un de ses propres amis, même si en ôtant la vie d'un ennemi, elle fait peut-être perdre un ami à d'autres personnes.
Et oui, la guerre c'est dégueulasse, Liane. Mais tu t'y habitueras. La vie est injuste mon enfant, mais tu t'y habitueras. La mort sera désormais ton quotidien, mais tu t'y habitueras . . .
Faire preuve de courage et de témérité, écraser l'ignorance par de la magie pure, et résoudre les faibles à accepter ta volonté. Pas de place pour la lâcheté dans ce monde, il faut faire payer les mécréants pour leur vilainie. Les oppresseurs du Roy seront à partir d'aujourd'hui tes adversaires, que leur blason soit vert, bleu . . . et même rouge. La noirceur doit t'atteindre pour que tu n'ais plus jamais à craindre tes propres faiblesses. Il faut refouler ton passé et ainsi mieux le fuir. Plus il est loin, moins il t'affecte. Tu ne peux l'oublier, alors rejette le. L'obscurité est ton nouveau monde, le meurtre ton nouveau moyen de persuasion. Tu ne prends cependant aucun plaisir à extraire l'âme du corps de ces opposants, mais tu dois le faire, car tel est ta nouvelle destinée.
Il t'aura suffit de comprendre que ton destin se trouve en réalité hors des sentiers battus, et qu'il n'y a qu'en découvrant ce que tu es vraiment que tu pourras alors accomplir tous tes objectifs et tes souhaits. . . Voici ta nouvelle Liane.
"-La folie me guette. Mais mes pas sont plus légers.
Avec assurance je dois désormais, me diriger vers mon jardin Sacré.
Que ceux qui me croient m'accompagnent, en direction de la montagne,
Où le Savoir et le Progrès ont élu domicile, y retrouver la dénommée. . . ."La fin du poème refusait toujours de lui revenir. Le père de Liane aimait la poésie, et lui lisait tous les soirs quelques vers tirés d'un vieux bouquin tout jaunit par le temps. Des pages déchirés de ci de là, le nom d'une certaine personne était répété tout au long de l'ouvrage.
-Un nom qui termine en "ile", pour finir la rime. Achetile, Mochetile, Tactile. Arrete tes conneries, ça te reviendra bien un jour.
Ce jour ne se fit pas tardé . . .
Les oiseaux ne chantaient plus depuis plusieurs semaines, et Liane continuait sa marche interminable qui n'avait aucun sens. Marcher pour marcher, jusqu'à tomber sur le chemin de la rédemption. Elle avait cependant prit l'habitude de venir s'allonger une heure ou deux dans un champ détenu par un des paysans du coin, qui ne voyait aucun inconvénient à ce que Liane y vienne pour s'y reposer "Tant qu'vous m'y foutez pas le bordel et que la terre y est t'jour fertile . . . j'y vois pas d'soucis M'dame."
Elle était donc étendue là, au milieu de nul part, à regarder les nuages annonciateurs de pluie la survoler. Rien d'ydillique, rien de bien romantique. Sa robe était couverte de boue et quelques fourmis commençaient même à lui attaquer les mollets. Mais elle ne s'en souciat guère, il s'agissait là du sol moment où elle pouvait ne penser à rien d'autre que son futur. Etablir des projets (qui ne seront probablement jamais rien de plus) et imaginer sa vie future, et son hypothétique rencontre avec son Roy . . .
Mais ce jour là, quelqu'un ne manqua pas de l'interrompre au beau milieu de ses pensées.
-Il fait un peu frais aujourd'hui.
Liane se redressa brusquement, étonné de ne pas avoir senti la personne arrivé. Il s'agissait d'une femme, drôlement vétue, au crâne rasé. Ses traits fins lui firent comprendre qu'elle était bel et bien de sexe féminin, ainsi que sa voix fluette et douce en apparence.
-Je vous demande pardon?-il fait frais, voilà tout. Que fais tu ici?
-Et bien, je songe, simplement. Et vous qui êtes vous? la propriétaire de ces terres?-Loin de là, je suis ici . .. pour m'allonger à l'endroit ou tu te tiens, et songer moi aussi. Mais je t'en prie, ne t'interrompt pas pour moi.Liane se rassit, subjguée par l'arrivée de cet étrange personne, mais étrangement, elle lui obéit, et se rassit au même endroit. La femme fit de même, et se posa aux côtés de Liane.
Le silence se faisait lourd, et Liane se décida de relancer la conversation:
-Quel est votre nom?
-Tu le connais déjà. il est au fond de toi, mais tes peurs t'empêchent de l'entendre correctement.
Complètement perdu et affolée, Liane sentit que ses mains se mettaient à trembler.
-Vous êtes . . . -Je suis celle qui a élu domicile en haut de la Montagne, où logent le Savoir et le Progrès. je suis la dénommée. . . -. . . Cyphile.