Ah que la vie de château est pompeuse, il est loin de temps de l'ascèse et de l'ermitage.
Maintenant le vin coule à flot et la nourriture est bien trop abondante, facile vu le nombre de personne à nourrir au manoir...

Elle s'ennui ferme la vieille géomancienne, les années passées à la guerre ne l'ont pas épargné, elle cachait derrière cette grande capuche les rides naissantes, et derrière ses gants blancs les mains tâchées de sang.

Le soleil déclinait doucement, la forêt dévastée était calme, le moment idéal pour se rendre dans cette nouvelle taverne dont on lui avait parlé, on lui en avait dit du bien mais bon le principal c'était encore que la bière y soit bonne.
Il parait même que des amis à elle y ont élu domicile, qui sait des têtes connues c'est toujours sympathique à voir et puis si on ne lui avait pas menti c'était des amis qu'elle y trouverai.

La route n'était pas longue, juste le temps de repenser aux bons moments qu'elle avait passé avec les gens qu'elle espérait trouver.

Déjà devant la porte, poli elle toque à l'huis et entre de ce pas dans les lieux.

Charmant, accueillant, chaleureux même.

Il restait une petite place au bar, autant en profiter c'est la meilleure place pour un pilier de comptoir comme elle.

"auriez vous l'obligeance de servir une bière à une jeune femme garçon!"

J'avais du mal à camoufler mon étonnement. Rarement j'avais vu une personne, une femme qui plus est, entrer d'elle même et venir s'asseoir au comptoir comme si elle y avait élu domicile. De plus, jamais personne n'avait osé me nommer "Garçon" depuis plusieurs années. Cette femme ne savait pas très bien où elle venait de déposer les pieds, son assurance en était la preuve.
J'essayai tant bien que mal de me remémorer son visage, ses mains, ses habits. Mais rien à faire, je ne l'avais jamais vue auparavant. Il fallait donc lui montrer qu'ici, on n'était pas des plaisantins ou encore dans un bar de seconde zone.

Je m'approchai d'elle, le regard lourd et les sourcils froncés. Les bruits s'étaient estompés dans la salle, preuve que personne n'était accoutumée à voir ce genre de scène se produire par ici. Je posai mon coude sur le comptoir, approchai mon visage de celui de la dame avant de lui lancer.

-Bien le bonsoir, ma p'tite dame. Qu'est que l'humble "garçon" que je suis peut bien faire pour vous?

Je voulais lui en mettre plein la vue, qu'elle sache une bonne fois pour toute que chez m'sieur Valérias, on était pas à la taverne des péteux de Nedmor ou encore à celle des bouseux aristocrates. Ici se côtoyaient de vrais tueurs, de vrais combattants, et une femme si sûre d'elle et avec de telle manière devait en avoir de sacrément belles dans la chausse ou alors avoir gagné des batailles à elle seule pour pouvoir être respectée de tous les hommes se situant juste dérrière elle . . .

Plus un bruit dans la pièce, le regard des hommes tourné vers elle, attendant avec intérêt la réponse qui allait être faite au propriétaire des lieux.

"Quel vilain air vous prenez, cela ne vous va guère."

Eloignant son visage de celui de son hôte.

"J'ai ouïe dire que cet endroit était accueillant et qui y séjournait parfois des amis à moi.
Mais, suis je bête, cela ne répond pas à votre question.
Serait il donc possible qu'une femme boive une bière en ce lieu ou bien est ce trop désobligeant pour les hommes qui le compose?"

-Ma foi, tant que vous faites tout ça discrètement, personne ne vous dira rien . . . Mais au fait, vous attendez ptetre quelqu'un en particulier?

Je ne savais ni que dire ni que faire. Bien entendu, lui servir sa commande mais . . . après? Il disait connaître des gens d'ici . . . mais qui? Lui demander directement me paraissait être un peu trop brusque. Il fallait tout d'abord établir le contact, au fur et à mesure, les langues devraient se dénouer au rhytme des allers et venus des verres le long du comptoir.

-Excusez moi, après tout, cela ne me regarde pas. Vous faites bien ce que vous voulez. Qu'est-ce que jpeux bien vous servir ma p'tite dame?

Malgré tout, fallait continuer de lui en mettre plein la vue, histoire qu'elle soit sûre que chez m'sieur Valérias, on y entre pas comme dans un moulin.

Il était bien curieux cet homme, malgré son air qu'il voulait sérieux, elle ne se laissa pas troubler, il ne devait pas souvent voir de femmes dans cet établissement.

" Auriez vous de la bière à l'écorce de chêne ? si tel est le cas j'en prendrais volontier, sinon servez moi ce qui vous tombe sous la main, j'en ferai mon affaire."

Elle voulu se mettre plus à l'aise, un regard à droite, un à gauche, les hommes semblaient avoir repris leurs activités.
Elle ôta donc ses gants et son manteau.

" Je n'ai même pas pris la peine de me présenter, je suis Taps, femme usée et désabusée de ce Royaume, et vous jeune homme comment vous nommez vous ?"