[Hrp] Avant tout, je ne poste pas ce rp dans "Les huits commandements" car ce n'est là que l'annoncement et non l'accomplissement. Je posterai donc ici les huit annoncements des commendements. Un ajout un peu inutile, mais c'est uniquement pour le plaisir d'écrire plus sur un thème qui m'inspire.
Dans la première partie, je décris les effets de la potion qui a été donnée à Veñor, j'espère que c'est suffisament clair et détaillé car c'est un élement tres important pour la suite. J'ai délibèrement passé le passage ou la potion lui est donnée, ça n'a tout simplement aucune importance, et le RP est déjà bien assez long comme cela. J'avais imaginé qu'il recroiserait le veillard de l'auberge, mais voilà. L'essentiel est qu'on lui donne une potion permettant d'entrer dans l'antre du démon, mais que celle-ci provoque de graves crises auparavant.
Dans la seconde partie, j'ai tenté de me mettre à la place de l'archer en me disant "Qu'aurais-je fait à sa place?" "Comment réagirais-je dans un endroit et une situation pareille?"
J'espere que le résultat paraît suffisament réaliste. Lors du chant, j'ai utilisé des images de Christianisme. Je suis bien conscient qu'il n'y a aucune religion prédominante ici, mais j'ai rédigé ces vers en privilègiant l'esthetique.
Je relève, pour ceux à que ça aurait échappé, qu'il se réveille dans sa chambre alors qu'il ne s'y trouvait pas auparavant. Et qu'il a à chaque fois l'impression de se réveiller ou de cauchemarder. Tous ces effets de la potion, car c'est dû à ses effets, seront dévoilés à fur et à mesure des huit commandements ou des annonces.
Tout est dit je pense, bonne lecture.
[HRP]
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Premier annoncement: Les Paroles d'un Démon
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J'ai bu la potion qu'il m'a donné ... "Tu verras le Démon" a-t'il dit.
Il m'a empoisonné.
Je titube, mes yeux roulent, hagards, dans l’espoir perdu d’avance de trouver une solution.
Il n'y en a pas.
Mon esprit erre, torturé, il est incontrôlable. Ma raison est déjà loin.
La demande est permanente, seule l’envie est présente.
Le diktat de l’addiction règne. Tic, tac, plic, ploc, doudoum doudoum. Un antidote, il me faut un antidote. Les sons rythmiques résonnent dans mon crâne, comme ceux des tambours traversant la jungle. Ils ne prêtent pas attention à la vie, aux autres sons. Ils ont une mission : passer au-delà, dépasser l’espace pour livrer leur message. Mais, dans ma boîte crânienne close, les battements syncopés rebondissent, se réfléchissent sans atténuation contre les parois. Enfermés, se cumulant les uns aux autres, se distordant dans une cacophonie pulsatoire, ils ne délivrent rien, m’emprisonnent, génèrent la confusion absolue.
Je ne peux plus penser.
La douleur enserre mon esprit et le sens même de ma vie s’échappe, comme un liquide nauséabond, de mon propre corps. Il s’enfièvre, supplicié par un seul but, une mono pensée obsédante.
Ma carcasse s’écroule, se convulse, elle n’est qu’une plaie béante se remplissant de bactéries nocives. Mes lèvres se tordent, je ne suis plus, ou plutôt je suis multiple, protéiforme. Les différentes parties de mon être se sont disloquées et se désarticulent autour de l’amas de chair.
Un cri transperce l’espace. Quelle bête peut donc hurler comme ça ?
J’en ai froid dans le dos. Ma sueur détrempe ma tunique. Le hurlement terrible s’amplifie et vibre au fond de mon organisme crucifié, sans espoir de résurrection. Le cri, les sons, tic, tac, plic, ploc, doudoum doudoum. Je bascule.
Cloué, par les ténèbres qui envahissent les deux hémisphères de mon cerveau torturé. Je n’ai plus de relations entre l’instinct et l’acquis ; plus de raison ni d’intuition ; juste le besoin primaire, bestial, qui obère ma pensée.
J’ai peur, je tremble, des spasmes convulsifs secouent ma dépouille pantelante. Je suis exténué de vivre.
Le cri, encore ; il me terrifie.
Il sort de ma bouche, devenue étrangère ; haut-parleur baveux de mon corps à l’agonie.
Combien de temps vais-je encore survivre à ce supplice ?
Je dois agir, sinon je disparaîtrai totalement dans ce néant qui m’attire. Cette seule porte ouverte en permanence. Cette sortie que je peux facilement saisir, inéluctable. Cet orifice accessible, lubrifié par des années de lente et patiente mortification. Solution définitive et repoussante.
Je dois agir. Le restant d’humanité qui rampe au fond de ce qu’était mon âme, me pousse à continuer, à résister, encore, encore. Une guerre de cent ans dont je ne suis pas sûr de voir la fin. Un infini de souffrance sans limite. Finalité absconse d’une normalité dépassée, dépossédée de sa raison d’être.
Fin à venir.
Avenir de fin.
Finir, avant.
Je--dois-----a-g--iiiir.
Dans un sursaut de dément, je me précipite vers l’extérieur. Rebondissant entre les murs du couloir comme une balle magique lancée par un athlète fou, je veux quitter ce lieu.
Rampant, ricochant, haletant, je m’extrais de ce labyrinthe longitudinal. Couloir de la mort dans lequel je me suis enfermé pour m’isoler du monde sans devenir. Je pousse la porte de sortie, obstacle illusoire de mes évolutions démentielles. Limite factice de mon monde chimérique.
Sans résistance, elle cède au premier assaut, comme une fille trop belle pour être sollicitée.
Dehors, il pleut.
Je m’évanouis presque, sous le choc de l’eau glacée qui s’écoule brutalement le long de mes tempes brûlantes.
Pendant quelques secondes je retrouve mes esprits. Salutaire hiver qui n’en finit pas de cracher sa pluie nordique. Je peux lever les yeux au ciel pour laver mon visage et me rafraîchir les idées.
Mais mon ventre se tord à nouveau, je m'assois à terre dans une flaque grise d’eau gelée. Je ne sens plus le froid qui transit mon corps décadent. Je suis à nouveau prêt à mourir, cette fois dans la rue, écrasé comme une merde sur le sol.
Je veux lutter, mais je rampe sur les pavés entre les détritus qui jonchent le parterre glauque de ce transept urbain comme pour consacrer mon avilissement. Je ne suis qu’un rebut que les citoyens n’ont même pas voulu ramasser. Un déchet non recyclable polluant, à jamais, le sol qu’il touche. Mon esprit fourvoyé s’égare dans des méandres fétides des immondices de la civilisation. Je suis perdu. Je régresse. Je disparais.
Quelle force obscure me pousse à sauver ma vie ?
Pourquoi mon cerveau s’enclenche-t-il de manière erratique et autonome ?
Instinct de vie ? Instinct de mort ?
Tic, tac, plic, ploc, doudoum doudoum. Le rythme s’affole.
Je me mets à compter les jours, comme des moutons.
1, 2, 3,… 5,… 7… 11, 13...
Les chiffres m’échappent, se distancient. Curieusement, seuls apparaissent les nombres premiers, comme une logique floue réservée à une intelligence artificielle. Ils se présentent à mon esprit sans ma volonté.
Pourquoi sont-ils là ?
Que veulent-ils dire ?
Pourquoi premiers ?
Pourquoi ?
Premiers ?
Premier comme un nombre indivisible sauf par lui-même ou le premier. Allégorie mathématique de la vie, symbolisant la vanité du concept.
Je suis le premier ! C'est-à-dire que je suis moi, seul et unique à cet instant à cette seconde. Un besoin d’unité, de reconnaissance absolue, mais éphémère donc relatif.
L’absolu-relatif, aussi impossible que la quadrature du cercle.
Être le premier. Que d'énergies, de combats, de motivation, d’abstinence, de privation pour la gloire d’être le premier.
Premier regard, première vie, premier mariage, nous n'en finissons pas d’accumuler les premières fois. Curieusement elles resteront les modèles auxquels seront comparées toutes les autres fois. L’étalon éternel de notre jugement. Base de notre erreur primale dont nous ne pourrons jamais nous affranchir, esclaves de notre expérience initiale. Coupables de ne pas connaître, avant la première fois.
Le premier pas, les premiers pas : un s sépare des années. Entre les déambulations enfantines et les balbutiements amoureux il n'y a qu’un s. La vie est sinueuse, elle serpente sans cesse entre les faux semblables.
Première fois, premier baiser, premier repère, première arme, premier échec… Les derniers seront les premiers pourquoi faire alors ? Pourquoi tout ce tapage autour du premier ? Et ces nombres qui me colonisent 31... 37... 41... 43... 47...
Les nombres, comme ma raison, s’éloignent eux aussi.
J’abandonne les rigueurs mathématiques et me lance dans une folle conjugaison, résidu de mon éducation :
Je te manque,
Tu me manques,
Il ou elle nous retient,
Nous dépérissons,
Vous lisez,
Ils nous ont enchaînés.
Les verbes se télescopent, globalisent l’intégralité de mon désarroi.
Je ne peux plus continuer ainsi.
Je m’affale dans sur le sol.
Mes yeux se ferment, j’abandonne.
...
Réveillé en sursaut, je tâtonne dans le noir à la recherche ma lanterne de chevet…
À sa place, je trouve une flaque d'un liquide poisseux et nauséabond…
Et là je me rends compte que je ne suis plus dans mon lit, mais allongé sur un sol inégal, dur, humide, plongé dans une atmosphère malodorante et moite…
Il me faut quelques secondes pour réaliser, le temps que mon esprit embué sorte complètement de sa torpeur…
Et là, c'est la panique…
Où je suis, avec qui, comment, pourquoi ? Tout se bouscule dans ma tête, tout se mélange, je n'arrive pas à réaliser…
Je dois sûrement rêver…
Me redressant, appuyé sur les mains, l'objet pointu qui me rentre dans la paume me révèle que non, je ne dors pas. De l'eau goutte quelque part alentour, faisant résonner par mille échos un sinistre signe. Plic… ploc… plic… ploc…
J'essaye, en écarquillant au maximum les yeux, de me repérer, mais non, je suis dans le noir complet, incapable de me situer, de savoir où je suis, où je vais…
Un courant d'air glacé me parcourt l'échine, je ne porte que ma toge de nuit en tissu noir, j'ai froid. Je me recroqueville, les genoux sous le menton pour garder le minimum de chaleur qui me reste.
Un bruit étrange, comme une pierre qui se décroche et dévale une pente, me décide à me lever pour essayer de sortir de cet endroit de misère…
Mon cœur bat la chamade, mon souffle se fait rare, mes yeux s'embuent…
Je fais un pas, puis deux. Pieds nus, je marche dans une espèce de boue sans nom, qui pue la mort.
Je n'ose pas appeler, de peur qu'une créature démoniaque me réponde, mais mon instinct de survie me somme d'appeler à l'aide, de crier ma peur à qui veut l'entendre pour venir me tirer de ce foutu pétrin…
Je risque un murmurant "y a quelqu'un ?" qui ne trouve bien sûr aucune réponse… si ce n'est ce lugubre plic… ploc… et un écho lointain, ma propre voix…
Un second courant d'air finit de me tirer de ma torpeur, bien vite remplacée par une panique et une trouille incroyables…
Je me mets à courir dans les ténèbres de cette atrocité morbide, aveugle comme une chauve-souris.
Je cours, m'écorchant les pieds à chaque pas, la chair de poule envahissant peu à peu mon corps, de froid et de peur.
Et là, je me cogne contre un mur humide et froid, gluant d'une matière que je suis heureux de ne pas voir.
Ce mur arrive comme une sorte de délivrance ; telle un aveugle, je commence à le longer en me disant qu'il arrivera bien quelque part, à MA délivrance…
Haletant, je m'accorde une pause pour tenter de réfléchir un peu. Où suis-je ? Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour en arriver là ? J'ai l'impression que je ne sortirai jamais vivant d'ici…
À ces pensées, je me laisse glisser sur le sol, incapable du moindre pas de plus. Mes genoux s'entaillent au contact de je ne sais quel objet tranchant, je ne sens presque plus la douleur ; j'ai envie de mourir pour que ce cauchemar cesse enfin.
De désespoir, je hurle aux ténèbres frémissantes. Mon cri se répercute longtemps dans cette grotte diabolique…
Ce cri sorti du fond de mes entrailles meurt peu à peu, quand soudain, venu de loin, arrive de plus en plus fort les pleurs d'un bébé que l'on sent torturé, des pleurs de douleur intense qui me glacent sur place.
Ces pleurs entrent dans ma tête pour ne plus vouloir en sortir. Je me bouche les oreilles tant que je le peux, résolu à devenir sourd à ces hurlements insupportables. Mes larmes chaudes coulent de plus en plus et tombent à mes genoux.
Au bout d'un moment qui me paraît une éternité, les pleurs du bébé s'arrêtent enfin. Et quand je commence à desserrer l'étau de mes mains autour de ma tête, un chant de Démon comme heureux du mal qu'il vient de faire, cruel, machiavélique, se met à résonner, à rebondir sur les murs de ma cage sans porte de secours.
"Je me suis emmêlé aux brumes ténébreuses,
En vivant tel un mort sur vos sables amers,
Et nourrissant d'horreurs vos âmes en Enfers,
Je me jouais des Cieux, de leurs beautés affreuses !"
Ce chant est pire que tout. Je me relève le plus vite que je le peux, mes genoux et mes pieds meurtris, je me remets à courir, en gardant toujours le mur comme fil conducteur d'un labyrinthe tenu par un Démon pour Minotaure.
"Je me suis abreuvé de vos mondes déchus,
De vos vies surannées impures, et de haine :
Des philtres si brûlants que même la Géhenne
Me livra le parfum de pêchers inconnus !"
Mes pieds frôlent, marchent dans un tas d'immondices à la consistance et à l'odeur plus répugnantes l’une que l’autre, jusqu'à ce que je m'enfonce jusqu'à la cheville dans un liquide froid comme la mort, puant comme l'Enfer.
Je m'étale par terre, me fracassant encore un peu plus les genoux, déchirant ma toge déjà si peu utile dans ce frigo immonde.
"Ô délice ! Ô passions ! Ô sottes religions !
Étouffez donc encor votre empire damné
De ces vins, de ces pains que toute Sainteté
Se veut à elle seule et sans révolutions !"
Je me relève tant bien que mal, poursuivi par ces rires monstrueux incessants. Quelque chose me frôle la joue, son contact glacé me force à accélérer le pas, je suis à bout, l'air froid me gèle les poumons, je suis frigorifié, j'ai peur, une créature diabolique est à mes trousses, je n'en peux plus, je veux que cela s'arrête, je prie ce satané dieu pour la première fois de ma vie, j'appelle mon frère comme un petit garçon perdu que je suis, je veux mourir pour ne plus souffrir…
"Voyez comme mon temple où vibre la folie
S'étend sans cesse aux Cieux pour mieux les persiffler !
Palpez mes bataillons de morts et la piété
Que m'offrent vos écrits dans leur douce agonie !"
Je m'écroule, inerte, quelque chose m'a fait un croche-pied, mais je m'en fous, qu'il m'achève…
Les rires se rapprochent inexorablement, une main froide comme le métal remonte le long de ma jambe ; je protège ma tête de mes mains, je ne veux pas souffrir, je veux mourir vite.
"Enfants ! Souffrez du charme et du triste bonheur
Que votre Saint Esprit, crucifié, vous murmure
Dans l'ombre du désir et de votre nature
Afin de vous guider vers son propre malheur !"
Les mains remontent le long de mon corps, je sens un liquide chaud qui coule sur moi, les mains arrivent sur mon cou, commencent à serrer…
"Goutez à mes tourments, et non pas à l'Ennui
(Car sa blanche étendue n'est qu'un terne désert),
Ma pyramide est grande et son sourire ouvert
Exhume vos regrets d'une éternelle Nuit !"
La créature à qui apartiennent les mains me parle. Sa voix me
Fait frissoner ... Je connais cette voix.
-"Voici ton premier commandement, raclure humaine. Trouve les porteurs du blason bleu, tues-en un de chaque classe principale. Ramène-moi ces quatres têtes, et ainsi pourra débuter le second commandement. Et ne bois plus jamais ces breuvages destinés à entrer en force dans notre domaine, tu viendrais à le regretter.
À la revoyure frêle archer ... Bien que je serai le seul à te voir. Hahahah."
***
Et je me réveille en sursaut, le souffle me manque, je respire un grand coup pour reprendre mes esprits…
Tout cela n'était qu'un rêve, un putain de cauchemar…
Une douleur me vrille pourtant la gorge. Je porte mes mains au mal et les retire aussitôt. Elle est striée ... Striée par les griffes d'un démon.
Le premier commendement va pouvoir débuter.
Que la fête commence.