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 Envies synchrones

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AuteurMessage
Krysalide

Krysalide
 

Sexe :
  • Femme

Classe :
  • Géomancien

Age du personnage : 27

Envies synchrones Vide
MessageSujet: Envies synchrones   Envies synchrones EmptyVen 19 Nov - 2:39

Deux jours avant le mariage.


Le soleil commençait à percer les rideaux fins de l’arrière-cuisine qui me servait de chambre. Les rayons chauds insistaient sur certaines parties de mon visage. Impossible de dormir dans ces conditions. Après tout, pour qu’on en arrive à cette situation, c’est que l’heure devait être déjà bien avancée. A quelques mètres et derrière la porte, j’entendais Valérias récurer les gamelles ayant servies la veille. Il n’avait pas eu beaucoup de monde à servir. Je repensais à ma situation : je profitais de l’auberge et des repas en l’échange de quoi il me fallait participer à la bonne tenue de l’établissement et à la chasse quotidienne. Je n’avais, pour le moment, pas fourni les efforts requis. Il m’avait fait confiance, et moi je profitais. La honte. Je me méprisais, mais ne faisais rien pour changer les choses. Je me dégoutais, gardant cependant ce fichu sourire de convenance. Mais à qui convenait-il ? Peut-être le faisais-je pour avoir bonne conscience encore une fois. La honte, le mépris, le dégoût, la condescendance… Le quarté, et dans l’ordre s’il vous plait ! Que me fallait-il d’autre qu’un bon coup de pied au cul ? Rien surement. Un bon gros coup de latte comme on n’en fait plus. Je devais me reprendre en main. Maintenant. Tout de suite.

D’une main ferme, je prenais appui sur la paillasse où je venais de passer les dix dernières heures, et me levais sèchement. Impossible d’imaginer ne serait-ce qu’une seconde de retourner me pieuter. Non merci, une autre fois peut-être. Ma journée était entièrement consacrée à Valérias, sauf évènement majeur. Et autant dire que les évènements majeurs ne courent pas les rues autour de l’auberge. Une fois debout, il me fallait faire un état des lieux rapide, et tenir une ligne conductrice des petits travaux dont je prendrais la charge personnellement. Etiquetage des bocaux, un bon coup de balai, une pause. Préparation de la popotte de midi, nettoyage des tables, pause. Pour la suite, on verrait après le repas.

J’enfilais une longue toge. L’automne s’était installé, mais je comptais sur le grand beau aperçu dans ma chambre pour me tenir chaud le temps de ma toilette. Une chaussure, puis les deux, et j’étais sortie. La porte grinçait un peu, et mon petit aubergiste prenait connaissance de mon accoutrement alors que j’avançais vers lui. Je décidais de prendre les devants sur une probable discussion quant à mon comportement.

« Hého, bonjour m’sieur Vaval »

Sept jours passés dans son auberge, et je permettais déjà certaine familiarité. Le long moment passé seule m’avait ôté toute forme de jugeote sociale. Ca me faisait du bien de l’appelait ainsi. De cette manière je me savais redevenir vivante pour quelqu’un. Il semblait moyennement emballé par ce petit surnom con-con. Peu m’importait, ça me faisait du bien. Je poursuivais.

« Aujourd’hui c’est ton jour ! Je sais, j’ai déconné, mais aujourd’hui je te ramène au moins deux lièvres et un bouquetin. Oh et puis des champignons… Promis, je vais te gâter ! »

« Et tu comptes te peigner avant ? »

« Oui j’y file ! »

J’enchainais quelques pas à petite allure, poussais la porte et me dirigeais vers le puits. J’avais pris l’habitude de faire une toilette quotidienne complète, mais ici, je ne pouvais me le permettre. La corde tenant le seau glissait entre mes doigts jusqu’à ce que le seau atteigne l’eau en contrebas. Je remontais celui-ci. Un seul seau allait suffire. Un coup sur le visage, quelques frictions avec des feuilles de menthe pour sentir bon et l’affaire était close.

« Six…Quatre… Un effort boudiou ! »

J’étais sur le point de rentrer quand j’entendis quelqu’un marmonner des chiffres. Le son semblait provenir de la pergola attenante à la bâtisse. Je me dirigeais curieusement vers celle-ci pour apercevoir enfin l’émetteur de ces sons. Un vieux. Pauvre d’eux. Soliloquer à longueur de journée… pourvu que je meure avant d’être dans cet état, me disais-je. Un fort sentiment d’empathie envahissait mon corps. Il m’attendrissait ce vieux. Il restait une place à coté de lui sur le banc de pierre, et je me décidais à lui faire un brin de causette. Selon mon planning, je me souvenais parfaitement avoir programmé une pause. Et, quand on y songe, l’ordre de ce planning n’avait pas vraiment d’importance pourvu que toutes les tâches fussent faites.

« Moi c’est Krysalide, mais on m’appelle Krysa… C’est plus rapide. »

L’homme semblait imperturbable. Il balançait, de temps à autres, des miettes de pains que les pigeons s’empressaient de venir picorer. Je notais le petit mont de pain qu’il s’était confectionné. Il avait, à vu de nez et à ce rythme, surement assez de miettes pour tenir toute une journée. Pauv’vieux me répétais-je intérieurement. Je tentais une nouvelle approche…

« C’est votre truc apparemment les oiseaux, non ? »

L’homme tourna lentement la tête pour enfin me dévisageait. Il n’était pas encore sourd, et c’était un bon point en vue d’une conversation future. Tout en me fixant le blanc des yeux, il annonça :

« Sept…Quatre… »

Je ne comprenais pas vraiment le sens de sa réponse. Je décidais de ne pas insister et observais son petit manège pour essayer de piger. L’homme se leva précipitamment et couru sur trois mètres avant de revenir s’asseoir à mes cotés. De nouveau, il balança une miette de pain, attendit quelques instants qu’un pigeon daigne se pointer. Ils étaient deux. Un oiseau blanc tacheté de noir et un entièrement noir. Le bicolore avait eu raison du second.

« Sept…Cinq …»

Il jouait ! Bon sang, ce vieillard s’emmerdait tellement qu’il s’amusait à compter les points d’un jeu dont il était le maître. Il devait se sentir puissant face à eux, ou peut être ne cherchait-il qu’à passer le temps ? J’assistais à ce spectacle, comme un môme devant une représentation de marionnettes. Me prenant au jeu, je prenais mes aises, m'allongeant à moitié. Je mettais un léger coup de coude au vieil homme et lui rétorquais :

« Pouaille, ce qu’il lui a mis ! Au moins deux mètres cinquante ! Pour la prochaine je mise sur le bicolore de nouveau. J’ai bien compris qu’il perd, mais il ne devait pas être chaud vu comme il s’est baladé sur la dernière. Allez, relance, tu vas voir… »


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