Les fumerolles de brume se jouaient d’elle ce soir, et s’enivrant de leurs jeux elle se laissait transporter sans réellement s’en rendre compte, dans ce monde vaporeux. Le ballet de ses mèches blondes lui donnant une silhouette fantomatique, elle soupirait et soufflait légèrement quand une des coquines venaient se glisser entre ses lèvres. Grelottement. La brise se faisait blizzard et se faufilant sous sa cape blanchissait un peu plus sa chair, rosissant au contraire ses joues et son nez d’où émanait d’ailleurs un souffle chaud. Vision fantomatique et insaisissable. La neige crissait sous ses solerets. Les flocons virevoltaient, pour finalement venir recouvrir les traces de son passage, Mère Nature rechignant visiblement à ce que l’un de ses enfants vienne troubler ce tableau si parfait.
Souffle chaud, vent frais.

Ses doigts bleutés se crispaient douloureusement autour de sa poitrine. Pourquoi fallait-il qu’il fasse si froid quand elle se décidait enfin à rejoindre le nid? Punition divine. L’idée de remettre un peu de vie dans la masure alimentait l’étincelle de la vie, là tout au creux de sa chair. Etincelle qui se fit brasier ardent à la vision fantomatique de ses compagnons de solitude, venus l’accompagner dans sa marche. Ne frissonnant point, ils se contentaient seulement de l’épauler. Aide qui disparaissait dès qu’une de ses mains charognardes de vie se levaient dans leurs directions. La fumette et le froid ne faisaient visiblement pas bon ménage.. Ils avaient tous disparu.

Ses dents se refermèrent sur une feuille d’ortie, et tandis que sa chair s’enflammait, des cloques blanches apparurent à la commissure de ses lèvres. Les deux se mirent à ricaner. Moquerie à laquelle elle répondit d’un grand éclat de rire. Ils n’étaient finalement pas partis. L’auberge ne devait plus être si loin, déjà le fumet d’un rôti, emporté par le vent, lui chatouillait les narines. Elle s’assiérait au comptoir et demanderait une choppe de Rhum, et c’est dans le sucre de la boisson qu’elle noierait la douleur lancinante qui tiraillait désormais sa mâchoire. Elle indiquerait d’un geste de la main au vieux du sous sol qu’elle était encline à jouer aux dés, et la soirée se résumerait à miser sur des bouts d’osselets. Douce perspective. Croiserait-elle l’un de siens ce soir ? Elle l’espérait et le redouter. Le parfum des géomanciennes embaumerait peut-être encore les couloirs, tandis que les rires de l’aquamancienne à la chevelure fauve finiraient, eux, de se perdre au grenier.

Les murs de la cour se dressaient à présent devant elle, et levant sa tête hirsute elle les contemplaient béatement. Ils étaient .. « Hauts.. » et « Beaux.. » . Le blizzard la poussa davantage en avant, répugnant à ce qu’une druide droguée ne vienne dénoter au tableau parfait qu’elle s’efforçait de dépeindre à grands coups de bourrasques enneigées. Ses doigts s’accrochèrent au portail de fer et elle pénétra enfin dans la cour. La porte était là, rassurante, chaleureuse. La poignée elle-même lui aurait adressée un salut grinçant.. Si un étranger n’était pas venu lui cacher.

Affront qu’il allait falloir punir. Feulement grossier. Il n’y avait pas à redire, la bête avait bel et bien perdu de son aura durant la traversée de la plaine enneigée. Tout juste si un maigre duvet la recouvrait. Passage au Plan B. Ses doigts raffermirent les traits de sa silhouette, et cape remise, cheveux lissés, elle s’avança d’un pas nonchalant vers l’inconnu. « Un jeu de dés, ça te dit? Valérias va gueuler qu’un bouseux se présente à cette heure si.. Je te propose donc de te la jouer amant imbibé si tu veux dormir au chaud cette nuit. » La poignée glacée accueillit sa main, et la chaleur de la masure vint embraser sa chair tandis qu’elle posait maladroitement un pied boueux sur le parquet.

(désolé du retard, j'avais pas la motivation à écrire ><)

Le temps s'allonge, la nuit se poursuit tandis que dans mon attente, mes pensées de Solitude me ré-envahissent : Cette douceur d'être enveloppé par les ténèbres dans une étreinte glaciale, telle ce vent mordant ma peau tandis que je reste là, à attendre l'heure fatidique où je succomberais à la tentation. Le vent glacial de cette nuit d'Hiver ne me dérange peu, il est comme la caresse de la Mort se posant sur mon corps, froide, tranchante, tout simplement, plaisante. Ce toucher semble se lier à moi, épousant mes actes et semant ainsi la Mort tel son disciple, réduisant ainsi à néant la vie de ces êtres fébriles, me nourrissant de leur vie s'envolant. C'est une belle nuit, tout ce qui doit être présent l'est, la moqueuse Lune, les astres radieux, le silence mortel, cette brise et surtout, cette neige qui se mêle à ma chevelure et mon teint pâle, comme si j'appartenais à ce décors. Toute cette nuit semble parfaite, dont je suis le spectateur contemplant l'indéniable Beauté de ce que les Hommes souillent tant. Tant de mélancolie prenant l'apparence de douces fleurs blanches dansant sous le vent, en oscillant... ces flocons qui viennent fondre à mon contact. Mort et Tristesse, voila de quoi était peint ce paysage nocturne, me faisant repenser inévitablement aux ténèbres de mon âme, étant semblables, la tristesse en moins. Je n'ai pas de coeur, uniquement de la Haine manipulée par la Mort pour assouvir ces tensions.

L'attente se fait longue... L'heure tardive les auraient déjà emportés dans les doux bras réconfortant et reposant du sommeil? J'en doute fortement. Ils sont certainement en train de succomber à ces plaisirs vulgaires d'alcool en consommant excessivement de cette boisson jusqu'à en perdre leur lucidité d'esprit, le tout dans cette ambiance disgracieuse n'étant uniquement le reflet de leur médiocrité. Leurs comportements sont si... simplistes, prévisibles... J'en aurais presque de la compassion à voir la débâcle de cet animal. Presque. Soit, cela ne devrait être ardu d'étancher cette tension plaisante ce soir, patientons juste un peu, quelqu'un s'approche, . semblant victime du froid et surtout de connaître les lieux. Cette nuit devient intéressante. Une femme, avec certainement un caractère plutôt fort à ses attitudes premières. Je ne préfère par relevé la qualité de son intervention et de ses paroles, me confirmant uniquement l'état des lieux qui m'attendent. Chercher une querelle dès la première rencontre n'arrangerait absolument rien, il est préférable de rester serein que de se dévoiler trop rapidement.

Mademoiselle ne semble pas connaître son interlocuteur, je pense que vous n'avez pas à vous inquiéter sur mon attitude pour ma requête d'un logis en cette glacial soirée. Cela ne devrait poser que peu de soucis, certainement moins que les consommateurs habituels.

[HRP] Quoi retard ? Que nenni ! [/HRP]


Le souffle glacé de Mère Nature se meut en celui souffreteux de l’âtre de la cheminée, la pièce empeste la sueur et le foutre, me réconfortant dans l’idée que l’abattement semble même avoir gagné le tenancier de la masure. Soupir. Pitié pour ce mauvais bougre qui essuie tant bien que mal les conséquences de l’effervescence autour de l’artisanat. Les bourses se font maigres, le mauvais alcool fait légion. Les rixes se font plus sanguines, les tonnelets ne parvenant plus à assoupir les pulsions bestiales des frères de chopines. Ses poignets se rougissent tandis qu’elle souffle sur ses moignons charnus, des fées chimériques s’envolent de ses lèvres pour venir protéger sa chair à vif. Brûlure. Ses pas la conduisent vers une des tables libres jouxtant la fenêtre, et là entre glace et lave, elle lève le bras et commande de l’eau de feu.

L’étranger lui, impassible, attend dans l’entrée, elle n’a pas voulu lui signifier qu’ici les arrivées nocturnes sont très mal venues. Il s’en apercevra rapidement, alors le fixant de son regard absent, elle s’envole vers lui, se glisse dans les recoins de son âme. La chair lui résiste. Elle insiste. Et, là, calée entre ses omoplates elle le goûte. Elle s’enivre de sa solitude, et de ses airs gantés. Elle renâcle au goût amer de son narcissisme, et serre les dents à son humeur sanguine. Ses paupières se referment, le tabouret l’accueille de nouveau. De nombreuses interrogations courent le long de ses doigts désormais frétillants sur le revêtement de la table. Son front se plisse, ses yeux prennent vie. Elle l’appelle.

« Ne restez pas planté là venez donc vous asseoir avant qu’on vous fourre un torchon dans les mains et qu’on vous envoie prestement faire la popotte. »

Elle doute qu’il l’ait entendue, et au quand bien même l’aurait-il écoutée, alors elle patiente là, le visage posée entre ses mains appuyées sur la table. Elle le darde de son regard terne, le questionnant silencieusement sur la raison de sa présence en ces lieux si reculés. Plus personne ne s’attarde ici, mais cela il semble déjà l’avoir compris. Il hésite d’ailleurs, il ne le sait pas encore mais implicitement il est déjà sur la route. Et, elle, elle est de nouveau seule. Ses traits s’affaissent et elle soupire. L’âtre crépite, dardant la pièce de multiples étincelles colorées chassant ainsi la pénombre. Pluie de couleur. Teinte espoir .

« Venez, et je vous paie le premier verre.. »

Sourire.

« Alors ? »