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 Addiction et vague à l'âme

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AuteurMessage
Grumpy

Grumpy
 

Sexe :
  • Femme

Classe :
  • Druide

Age du personnage : 26

Addiction et vague à l'âme Vide
MessageSujet: Addiction et vague à l'âme   Addiction et vague à l'âme EmptyDim 19 Déc - 21:17

Je marchais, je marchais sur l’étendue d’herbe rase avec la minutie avec laquelle j’aurai pu marcher sur l’eau tels certains prophètes dont j’avais entendu narrer les exploits dans mon enfance. C’est étrange la façon avec laquelle les jeunes gens accroupis au coin du feu se montrent attentifs aux vieilles histoires que leur content d’aussi vieils hommes, les sages qu’ils se font appeler, mais ces derniers n’ont que de sage leur frêle silhouette. Leurs regards s’animent, leurs yeux pétillent lorsque, narrant de leurs propres bouches de vieilles légendes, les héros apparaissent au travers de leurs gestes et s’élancent vers les auditeurs pour mieux les éblouir avant de se disloquer en un « Magie » tacite tandis que le regard des conteurs se perd dans les méandres des toiles d’araignées tapissant le plafond. Les noms des prophètes se perdent, bien vite remplacés par ceux des jeunes auditeurs, soudainement harnachés et revêtus de cote de mailles, et de boucliers dentés, armes bien trop funestes pour leurs mains encore innocentes. Seuls les exploits perdurent.

Ainsi oui de nouveau je marchais sur l’eau couleur menthe. Menthe à l’eau? Et déjà une tasse ébréchée apparaissait à ma gauche sur un tapis mousseux, je me baissai et bientôt un de mes doigts vint l’emporter, dans ma promenade, par la hanse, comme j’aurai fait d’Eda par le passé, par la main. « Eda ma chère Eda. » Je regardais à ma droite et patientais, stoppée dans ma marche, la jambe gauche grotesquement en équilibre semblable à celle d’une gamine interpellée dans son jeu de marelle. Là, moi aussi, entre Ciel et Terre je l’attendais mon joli caillou.

La teneur de l’air changea, il se fit lourd et le ciel se fissura laissant apparaitre à mon regard impatient la poussière de roche qui à jamais avait changée ma vie. Je tendis ma main et accueillis celle d’Eda. Ses yeux marrons me souriaient tandis que sa bouche maussade e dédaigneuse m’ignorait. « Mon Eda. »

« Viens on nous attend plus loin. »

Nous continuions notre balade intemporelle, sautillant comme simulant la présence de roches émergées et de nénuphars qu’il fallait rejoindre pour ne point se mouiller les bottines. Moi mon rocher attentionné il me suivait. Moi mon rocher, il n’était pas glissant, et d’un pied assuré je pouvais m’y reposer. Moi mon rocher il avait de larges épaules sur lesquelles se reposer. Mais moi aussi mon rocher il n’était pas en vie. Ma main était retombée, Eda s’était envolée. Jouant avec ma langue je remuai la tête, amusée, cette fille avait toujours été taquine. Je feignais d’ignorer sa disparition et reprenais ma progression sautillante à travers la prairie.

J’inspirais et j’expirais. Je toussotais et frémissais. L’image de ma main se faisait déjà tressautante je grimaçais et me pressais de continuer mon chemin.

Le vert était devenu rocaille, mes pieds s’arrêtèrent à la limite tacite entre les deux étendues, mon regard se fit lointain.

J’étais arrivée.

Que me réserverait donc cette terre aride, la reconnaissais-je seulement? Mon mouvement de tête inconscient affirma la négative. Abaissant mes yeux sur le bout de mes bottes qui d’ailleurs vinrent me saluer d’un hochement de la pointe des pieds, je grimaçais. A la réflexion faite je m’interrogeais si couarde que j’étais je ne cherchais pas dans le mouvement de mes orteils quelques signes qui auraient pu me dissuader d’avancer.

Toujours cette même peur idiote et oppressante de me perdre et de me retrouver là bas seule coincée entre Ciel et Terre.

Je crus percevoir un coassement et ni une ni deux je sautais à pied joints sur le sol rocailleux.

Les nuages tournoyaient, des milliers de papillons voletaient autour de moi en un ballet multicolore enivrant. Le vent soufflait en rafale tandis que le soleil violentait ma peau. Un flocon trouva refuge dans la paume de ma main quand la pluie commença à cingler mon visage. J’ouvrais les yeux et expirais.

Like a Star @ heaven


La terre pierreuse baignait dans une épaisse nasse de brume, seuls quelques rayons de soleil perçaient de si de là. Le soleil me tenait dans sa nasse de brume moi ainsi que la fillette qui se débattait un peu plus loin au prise avec les rochers qui ne cessaient de dégringoler manquant de l’emporter dans leur chute. Sa main ne venait plus à trouver prise sur le versant de la montagne, et enfonçant ses doigts dans la terre gelée elle avançait avec peine. Ses mains sanguinolentes venaient de temps à autre essuyer la sueur qui perlait sur son visage, écartant pas la même occasion les mèches de cheveux qui se plaquaient sur ses yeux, rendant encore davantage dangereuse la périlleuse ascension.

Sa tunique n’était plus que loque et il était impossible de m’imaginer un instant ce que cela avait pu être, un vulgaire drap noué, une riche étoffe d’un blanc immaculé.. Rien n’était certain au vue de la guenille qui pendait misérablement sur le corps ecchymosé de la gamine. Je me rapprochais lui tendant un bras secourable.. Elle m’ignora, ne m’accordant pas même un regard, se focalisant uniquement sur les efforts titanesques qu’elle produisait pour parvenir au sommet. Elle avançait pour dégringoler de quelques mètres un instant plus tard, retenue par des roches affutées sur lesquelles elle venait s’entailler encore davantage. Cependant quelque chose dans son regard me disait que ses blessures physiques n’étaient rien comparées à celles de son âme.

Son regard de bête traquée ne cessait de revenir en arrière, et le sien emportant le mien moi aussi je tentais de distinguer ce que pouvait bien dissimuler la brume. Mes fins sourcils s’étaient arcboutés et rechignant au fait que mes grimaces appuyées allaient faire naître de nouvelles ridules sur mon visage je continuais cependant de scruter l’horizon. Il était impossible d’y voir à plus de trois pas de distance et persifflant je rageai intérieurement de ma malchance. J’aurai donné une de mes mains à ce bourreau brumeux pour connaitre ce qu’il se tramait ici, mais visiblement l’homme se refusait à m’amputer et tandis que son manteau m’enveloppait, mes épaules retombèrent mollement. Jetant un regard à la fillette qui s’éloignait, du moins c’est-ce que m’en disaient les pierres qui continuaient à se détacher de la paroi à son passage pour se lancer en crissant vers le contrebas, je soupirai. Ne me restait-plus qu’à aller harceler la gamine pour satisfaire ma curiosité.

Des hurlements stridents plus en contrebas vinrent caresser ma peau et en relever le fin duvet. Mes yeux s’exorbitèrent et tandis que mon cerveau s’agitait tentant d’identifier l’origine des cris, mon front se fit fiévreux et avant même de m’en rendre compte je filais déjà à la suite de la gamine vers le sommet. Je ne savais pas ce qui me poursuivait mais je savais que quelle chose que ce fût nul n’aurait donné chair de peau si cela me tombait sur le coin du nez. Mes vêtements se faisaient lambeaux, traitresse de pierres qui gardaient un souvenir de mon passage, souvenir de toile, souvenir carmin.

La fillette.. Qu’elle revienne, qu’elle se fasse happer par la brume et ce qui s’y cachait.. Que je vive ! Et j’hurlais « Reviens ! » .. Auquel le vent vint m’apporter une réponse douloureuse « Là haut. ! On va l’avoir les gars ! Ne faiblissez pas..»

Ma raison reprit le dessus, et mes mains redevenues extrémités du pantin de bois que j’étais s’ancrèrent profondément dans la roche. Mes yeux rougis par le vent piquant et exorbités par ma terreur sous jacente roulèrent sur eux-mêmes avant de s’immobiliser au coin de mes paupières. Ma tête tourna mécaniquement et ma respiration s’arrêta. J’étais là immobile, dans l’attente de ce que le destin me réservait plus loin en contrebas. Le destin était masculin. Le destin était nombreux. Mais que me voulait-il ? .. Alors j’attendais. Là. Sans bouger.

« Braham ! Je la vois.. elle est là ! .. » Mon destin s’appellerait donc Braham. Ma tête s’inclina légèrement, comme attendrie par ce doux prénom. Comme languissante de celui qui serait bientôt à l’origine de mon trépas..

Mes phalanges blanchies s’étaient détendues et s’étaient de nouveau teintées de rose et bientôt ma main gauche, sans doute effarée de la nonchalance du reste de mon corps à l’idée de s’offrir gorge nue à celui que j’avais d’ores et déjà affublée d’un doux visage et d’un sourire taquin, se détacha de la roche pour venir se planter un peu plus loin. Fuite en avant qui fût bientôt celle de l’intégralité de mon corps. La raison m’ayant abandonnée ou plutôt la raison retrouvée..


Le sommet était là, mon destin me collait vilainement au train, à la poursuite de ce corps qui pensait follement lui échapper. Une dernière fois mes mains se jetèrent en avant, trouvant cependant cette fois ci un réceptacle chaud en le pied de la fillette qui, debout au sommet, scrutait d’un regard hagard le contrebas. Tant pis pour elle. Qu’ils l’attrapent et qu’ils s’en satisfassent. J’hésitais un temps à me jeter sur elle pour mieux la pousser vers eux. Il s’en était fallu de peu pour que je trépasse à sa place. Je n’avais cure de qui elle était et de ce qu’ils lui voulaient en bas et pourtant .. Moi aussi je me redressais et me penchais.

D’en haut il était désormais facile de distinguer d’épaisses volutes de fumées qui semblaient monter d’un village en proie aux flammes. Le long de la montagne serpentait un disparate cortège de torches dont l’origine était lui aussi le village. Etrange tableau qu’était celui-ci. Attirant et inquiétant.

« Adieu Tholdnor. »

« Dépêche toi ils ne sont plus si loin ! »

Je me retournais comme gênée que l’on puisse venir nous troubler en tel moment moi et la fillette. Encore une autre de ces gamines irrespectueuses que j’allais devoir remettre à sa place d’une phrase assassine.., quand mes yeux se noyèrent dans le regard vide d’un crapaud. Le coin de mes lèvres tressaillit. Une grenouille ? Ici?

Et tandis que la bestiole ouvrait la gueule en un affreux coassement la brume se jeta sur moi.

Fragrance Ortie.
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Addiction et vague à l'âme

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